Le ministre des finances, Vincent Van Peteghem vient d’annoncer son intention d’émettre un bon d’Etat à un an, vraisemblablement assorti d’un taux d’intérêt conforme au marché, ce qui pourrait donner, avant précompte, un taux, qui paraît favorable, proche de 3,5 %.
En outre, pour attirer les foules, il annonce son intention de réduire le précompte mobilier sur les intérêts, habituellement perçu au taux de 30 %, à seulement 15 %.
Cela peut paraître une bonne idée, et il est vraisemblable qu’elle plaira. On peut même s’attendre à ce qu’à des conditions pareilles, cet emprunt d’Etat, s’il est effectivement émis, aura beaucoup de succès.
C’est évidemment dû à l’apathie des banques qui persistent à ne proposer que des taux d’intérêts nettement insuffisants par rapport à ceux des marchés financiers. On rappellera toutefois qu’il est permis aussi de placer son argent sur des comptes étrangers, à condition de les déclarer, et que là, il est possible aujourd’hui d’atteindre des rendements dépassant 4 % bruts.
Ce qui rend la proposition alléchante, c’est la réduction de précompte mobilier qui y serait associée.
On doit bien dire qu’il s’agit-là de la part du ministre des finances, d’une véritable concurrence déloyale par rapport à tous les autres emprunteurs, qui doivent retenir un précompte de 30 %. Mais bien sûr, quand on fixe soi-même les règles du jeu, on gagne toujours …
Ce serait certes une bonne idée d’enfin réduire la fiscalité et de réduire le précompte mobilier à 15 % pour tous les intérêts … mais évidemment ce n’est pas le but du ministre, qui veut éponger la plus grande partie possible de l’épargne au profit de l’Etat. C’est-à-dire au détriment des entreprises, pas seulement les banques, mais aussi les entreprises qui investissent.
Et à ce sujet, il faut une fois de plus rappeler au ministre que, si l’on veut dynamiser l’économie, inciter à la création d’entreprises, ou à des nouveaux investissements, ce n’est certainement pas en incitant les gens à prêter de l’argent à l’Etat. Il s’agit là, sans doute, du placement le moins dynamique qui soit, et qui a la moindre incidence favorable sur l’économie.
Ce n’est pas l’Etat qui crée des richesses, ni, en général des emplois utiles.
Ce qu’il faudrait faire, c’est enfin favoriser le capital à risque, c’est-à dire la rémunération des investissements effectués par les entrepreneurs et ceux qui s’associent à leur démarche. Aujourd’hui, ces revenus sont doublement taxés : ils supportent d’une part l’impôt des sociétés à un taux qui est en principe de 25 %, puis encore un précompte mobilier de 30 % sur les bénéfices distribués.
C’est une injustice profonde : ceux qui font des efforts, et prennent des risques, pour investir dans des entreprises nouvelles, souvent innovantes, supportent au total une imposition de 50 % sur les rendements, tandis que celui qui, sans rien faire pour l’innovation et sans prendre le moindre risque, prête à l’Etat, ne paie que 15 %.
Une fois de plus, le ministre des finances fait exactement le contraire de ce qu’il devrait, s’il voulait favoriser l’économie. Mais son objectif n’est pas là : il est de recueillir encore et toujours plus d’argent pour l’Etat.