Article de Thierry Afschrift paru dans l’ECOFIN MAG 10.

À la suite des Pandora papers, beaucoup se sont posé la question de savoir pourquoi il y avait des paradis fiscaux. On pourrait peut-être inverser le problème et se demander pourquoi il existe des enfers fiscaux.

L’OCDE vient de publier les taux de prélèvements obligatoires (soit les impôts et les cotisations sociales exigées) de ses États membres, pour 2018.

On y trouve en tête le même trio que chaque année, parfois dans un autre ordre : la France, le Danemark et la Belgique, qui ponctionnent par la force entre 46,1 et 44,8 % du revenu de chacun. Encore s’agit-il des chiffres de 2018, qui ne peuvent qu’avoir augmenté depuis, notamment en raison des mesures prises contre le Covid.

Un examen attentif montre que des prélèvements aussi considérables n’ont rien de fatal, même dans des pays développés. La moyenne de l’OCDE est en effet à 34,3 % du PIB, ce qui montre que la Belgique, à 10 points au-dessus de cette moyenne, est réellement un enfer fiscal, même en comparaison d’États membres d’une organisation qui réunit la plupart des gros taxateurs de la planète.

Or, on voit mal en quoi les services rendus par l’État belge, qu’il s’agisse des services publics classiques (comme les routes, par exemple), ou sous forme de transferts en sécurité sociale, seraient meilleurs que ceux des États proches de cette moyenne, comme le Canada (33 %).

Bien plus, des États qui, eux, prélèvent beaucoup moins que la Belgique, et même que la moyenne de l’OCDE, comme la Suisse (27,9 %) et l’Irlande (22,3 %) peuvent difficilement être présentés comme peu développés ou insouciants du sort des plus faibles. Personne ne dira sérieusement que les routes suisses ou les retraites payées dans ce pays, sont de moindre niveau que celles de la Belgique, ou que l’économie irlandaise serait déficiente. On peut même dire que c’est précisément en raison de son système fiscal léger que l’Irlande a connu une forte prospérité économique.

Devant de telles constatations, on ne peut aboutir qu’à une seule conclusion : la gourmandise d’États comme la Belgique ou la France n’est pas justifiée par une meilleure qualité de la gestion, au contraire. Ou encore, la piètre qualité de nos gouvernants est la cause principale du fait que nous payons deux fois plus d’impôts qu’il ne faudrait.